Éditer une photo, c’est la regarder intensément et parfois la voir, jusqu’à l’indiscrétion. Qu’est ce qui m’a poussé à prendre cette photo? Certes, la dame est jolie, mais il y avait plus. Bien que le Vietnam soit un pays communiste, les classes sociales sont très marquées. Cette femme porte des vêtements qui indique son appartenance à une classe sociale qui n’est pas de celle qui utilise le transport en commun. Ses bottes sont usées, la semelle se décolle, pourtant à mon expérience, il en coûte très peu au Vietnam pour faire réparer des chaussures chez le cordonnier, quelques Dongs, un ou deux dollars, tout au plus et encore, pour un touriste.
FICTION:
Je crois que ce qui a d’abord retenu mon attention c’est son faciès caucasien, cela même si ses yeux sont bridés. Laissons aller notre imagination : elle serait une enfant issue d’une histoire d’amour, qui s’est passée à Saïgon, entre sa mère et un GI américain, à la fin de la guerre du Vietnam en 1975, ce qui lui donnerait 39 ans, au moment où la photo a été prise.
Il faut savoir qu’au Vietnam, comme d’ailleurs dans plusieurs pays de l’Asie du sud-est, et dans une proportion encore importante, les mariages sont arrangés par les familles, l’amour entre les conjoints n’entre pas dans l’équation. Les hommes mariés, qui en ont les moyens, ont donc souvent une maîtresse qu’ils font vivre. Plusieurs vietnamiennes n’aspirent pas au mariage, du moins le traditionnel, elles se plaignent du machisme qui serait assez répandu chez les hommes vietnamiens. Elles risquent donc de vivre une situation précaire, en prenant de l’âge, lorsqu’une plus jeune prend leur place. Est-ce le cas de cette jolie femme?
La notion même du féminisme est généralement inconnue des vietnamiennes et des femmes de l’Asie du sud-est.
On dit qu’une photo est comme une blague, si on doit l’expliquer, c’est qu’elle n’est pas bonne. À vous de juger.